CINERE

autour de mon errante,

tout se tait

tandis que quelque chose en moi, ne peut s’empêcher de dire les mots que j’ai désappris.

Cinere, un seul en scène écrit et intérprêté au plateau par Elsa Revcolevschi a été créé pour la première fois dans le cadre de la saison numérique#4 du Département du Doubs (et repris lors de la sixième saison du festival.) Le texte lors des représentation est accompagné au violon par Guillaume Antonini, jouant une musique composée par Jacopo Baboni Schillingi. Des représentations de Cinere ont eu lieu à La Scène Numérique de Montbéliard (lieu de sa création) ainsi qu'à La Compagnia à Florence, Italie, avec le soutien de l'Institut Français de Florence. Cinere fait partie d'un cycle en cinq parties dont le compositeur Jacopo Baboni Schillingi a été à l'iniative - ALIAS - hommage au statut des femmes-.


NOTE D'INTENTION

Lorsque l’on m’a fait la commande de ce texte, je suis partie dans un couvent, loin de tout, pour que celui-ci émerge.Je me suis retrouvée face à une page blanche, dans une chambre simple avec miroir. Dans ce cadre neutre, je me suis vue reflétée mais ne me suis pas reconnue. Je me suis rendue compte qu’il m’arrivait régulièrement de percevoir mon reflet comme un écho difforme, étrange voire étranger. J’ai voulu insulter mon Autre dans la glace et je l’ai baptisée mon errante.L’écriture du texte a commencé avec cette errance. Je me suis demandée ce qui se cachait derrière ce refus de reconnaître certains traits dans mon visages, ceux-ci étaient peut-être “pas tout à fait les miens” embués de voix familiales et voies religieuses, ceux-ci avaient appris a plier et à sourire, esclaves et jouisseurs des traumatismes qui ont forgé ce je suis aujourd’hui, à l’âge de 21 ans. Jacopo avait évoqué son envie, dans le cadre du projet Alias, de rejouer ce texte tous les sept ans en l’adaptant à mon avancée comme personne, comme femme. Le simple fait d’envisager les cycles suivants a précipité l’irruption des cycles qui ont précédé : entrée dans l’âge adulte, dans l’adolescence et, enfin, mes sept premières années, où j’entrai dans la vie comme une sourde au monde, avec comme seul horizon le “théâtre des pieds et des mains”. Cinere a constitué pour moi une naissance à l’écriture car il a été le premier texte avec lequel j’ai pu trouver ma musique intérieure, avec ses harmonies, ses dissonances, ses instruments multiples. Savoir que ce texte serait accompagné en musique m’a beaucoup aidée en cela. Je me suis rendu compte que donner la parole à l’errante, première phrase-guide de mon texte, ne signifiait pas uniquement m’attarder sur un deuil que je n’aurais pas réussi à faire, mais me mettait sur la voie d’un refus plus général de toutes les paroles, enfouies, interdites avant même que l’irruption de la mort en rende impossible l’émergence. Autrement dit, la nécessité – devenue chez moi une obsession – de faire jaillir les paroles vives qui sommeillent en chacune, en chacun.”

Elsa Revcolevschi - mars 2020



Texte et Jeu - Elsa Revcolevschi

Violon - Guillaume Antonini

Conception et composition – Jacopo Baboni Schilingi

Création vidéo - Jacopo Baboni Schilingi & Eric Cordier

Création lumière - Eric Cordier

Assistanat à la mise en scène - Pauline Couturon

Production - Saison Numérique#4,EMI-Ensemble de Musique Interactive, Conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique du Pays de Montbéliard.