DIPTYQUE EN PROSE VERS
JE-NE-SAIS-OÙ

texte et mise en scène
Alexandre Cordier

distribution
Alban Losseroy, Maud Lassignardie, Alexandre Cordier


décor
Mellie Chartres & Alexandre Cordier
 


lumière et technique
 

CRESCO

durée
Deux fois 1 h ou une fois 2h

partenaires

CRESCO Saint Mandé, Espace Beaujon, Théâtre de l’Opprimé, Scène Sur Seine.


calendrier

- sortie de résidence le 1er Février Espace Beaujon / Paris

- participation aux Rencontres Scène sur Seine 2022 à Mains d’Oeuvre / Saint Ouen

- étape de travail 27 janvier 2023 au CRESCO - Théâtre de Saint-Mandé

- Novembre 2023 au CRESCO - Théâtre de Saint-Mandé


Structure :


Première partie : mon larynx pour un microphone de stade ?

Durée : 1h

Alban & Alexandre au plateau, Maud en soutien à la mise en scène.


Seconde partie : nos invisibles.

Durée : 1h

Maud au plateau & Alexandre à la mise en scène.


Les deux parties peuvent exister indépendamment, ensemble, avec ou sans entracte.

PARTENAIRES : CRESCO, Espace Beaujon, Scène sur Seine.

CALENDRIER :

1ère création en Décembre 2022 à l’Espace Beaujon à Paris


Présentations :

- sortie de résidence le 1er Février Espace Beaujon / Paris

- participation aux Rencontres Scène sur Seine 2022 à Mains d’Oeuvre / Saint Ouen

- étape de travail 27 janvier 2023 au CRESCO - Théâtre de Saint-Mandé

- Novembre 2023 au CRESCO - Théâtre de Saint-Mandé




« Lorsque j’ai écrit ma première pièce, 10805 maux , je ne savais pas que j’ouvrais la porte à un monstre plus grand que moi : l’écriture.


Comme on s’attache à une drogue je me suis noyé dans cette activité, y trouvant un moyen unique de mettre en forme ce qui me traverse - mes désaccords avec le monde - mes désirs violents - ce que je vois de beau.


10805 maux a donné vie à un triptyque autour des désaccords,

suivi de Paris-Londres 33°c la nuit où j’évoquais la posture de l’homme allié féministe complété ensuite par du sang sur les asphaltes où des jeunes expriment leur renoncement intime à un engagement dans notre monde institutionnalisé.


Puis entre autres pièces que j’écrivais sans les porter au plateau est née mon larynx pour un microphone de stade ?

Frénétique.

Comme un indésirable dans ma messagerie.

J’ai tout craché avec violence durant des nuits d’écritures. Isolé du monde des éveillés. Je l’ai écrit comme on affûte un couteau, la nuit en regardant par la fenêtre.


On peut y lire la solitude d’un corps qui tente de se comprendre face à son écran (nouveau miroir de notre monde). Chacun s’y retrouve dans ce qu’il expose de la perte de soi au milieu de la violence quotidienne de la chute de la société occidentale.


Après une première sortie de résidence à l’Espace Beaujon, j’ai senti que cette forme était une ébauche, un croquis.

Le spectacle y présente l’artiste dénonciateur, celui qui se tient debout derrière un microphone pour donner son regard et sa parole sans filtre, sans « politiquement correct ». Ici l’artiste appelle à la révolution, à une forme certaine de changement et questionne « ce que je devrais dire et comment le dire ?».

Parallèlement à cette création que j’ai porté, accompagné par Alban Losseroy à la musique, je travaillais avec mon amie et collègue Maud Lassignardie sur une création autour des ésotérismes. Nous étions en résidence de recherche aux Déchargeurs à Paris et nous commencions à élaborer autour des sujets de l’ésotérisme, des croyances, des symboles et de la figure de la sorcière contemporaine.


En ébauchant nos invisibles, je me rendais compte que le projet avait une logique exactement inverse de mon larynx pour un microphone de stade ?

Il ne s'agissait plus ici de purger un violence vécue, de s’ouvrir les veines avec une énergie de défaite. J’ai eu l’envie de me rapprocher du beau, comme si il y s’y cachait une forme de joie, et comme si tout ce qui décore l’invisible était un moyen pour moi de mettre du sens dans le monde que nous habitons. Un sens intellectuel, mais surtout un sens sensible et indicible.


Je suis convaincu que ces deux créations abordent les mêmes sujets : soi pour soi / soi au milieu des autres / soi face à l’avenir / soi et l’espoir / soi et la douleur.


Ainsi mon projet de metteur en scène et d’artiste est celui de la confrontation des points de vue.


D’un côté, l’artiste politique qui dépeint la société telle qu’il la voit, qui aimerait hurler face aux injustices et à la laideur des Hommes et qui tente de comprendre ce qu’il devrait dire. Au dessus de la foule.


De l’autre, l’artiste qui palpe l’invisible, s’en nourrit et connecte avec les autres. Celui qui fait du théâtre un espace de pulsation collective. Dans la foule.


Voilà les deux faces de mon univers artistique. Les deux faces d’un sou qui pourraient définir mes ambitions poétiques. »


- Alexandre CORDIER


mon larynx pour un microphone de stade ? est la pièce la plus intime que j’ai écrite.


A travers elle j’ai cherché à découvrir ce qu’avait à me dire la part d’ombre qui m’habite.

J’ai navigué dans la brume longtemps avant de comprendre que cette part d’ombre était une part d’expérience vécues. C’est l’écriture qui m’a permis de lire mon histoire.


Je souhaite parler de cette jeunesse blessée par le passé. C’est mon point de départ. La lucidité acquise au fil des années vis à vis de mon environnement social est un moyen de faire mes propres choix et d’assumer la folie de mon désespoir.


Comment libérer les mémoires de mon corps ?

Exprimer mon mal à la scène est le processus de choix de ma délivrance.


Je marche pendant toute la pièce sur la ligne de crête entre l’aveu du passé et la contemplation du présent solide et résilient. Mon parti pris est celui de la vérité : j’assume de prendre la place, et de montrer aux autres les horreurs qui me traversent et les erreurs que je commets. Je refuse de servir la soupe à ceux qui veulent un spectacle vendable avec une esthétique contemporaine léchée. Je veux déconstruire le mythe du jeune écrivain metteur en scène star. Je ne marche que pour ce que j’ai à dire ou à défendre.


Je veux donner de la force aux discours féministes, donner de la force à l’amour et faire exposer en fractales les mots. Musique et texte se mélangent.


Pendant une heure, je vais faire appel à la sensation plus qu’à la raison. C’est une forme d’art brut. Des chansons issues de différents patrimoine viendront ponctuer le discours. Je questionne l’écriture théâtrale en la rapprochant du présent, j’essaie de conserver les fautes, de conserver ce qui appartient au processus de l’écrivain pour me rapprocher de l’expression brute.


Nos invisibles est un spectacle réponse.

Réponse à une première partie triste et révoltée mais aussi réponse à un silence qui me parle : celui de l’invisible.


Nous savons selon l’IFOP que 46% des jeunes de 18-25 ans croit en l’astrologie. Le sujet des para-science et des ésotérismes est donc un sujet réellement présent dans mon quotidien et ceux de mes semblables. Mon travail porte nécessairement sur l’émergence, sur la jeunesse et les mouvements qui la traversent : il est donc logique pour la compagnie d’ouvrir un terrain de recherche artistique à ce propos.


J’ai eu le désir d’emmener Maud avec moi dans une aventure. Je veux que son expérience de magnétiseuse soit un appui pour la mise en scène, je voudrais chercher à représenter sa perception du monde, à la confronter avec la mienne et critiquer ardemment les dérives marketing de ces mouvements spirituels. (tarots, guidances payantes sur le net, goodies).


Avec humour, nous nous lançons dans ce chantier monumental, mais nous n’avons pas la prétention de résoudre un quelconque mystère.


Il s’agit d’effleurer ce qui peut ne pas l’être, de mettre des mots sur ce qui n’en porte aucun et surtout d’évoquer les bouleversements de ce changement de perception : d’un monde fait de matière vers un autre, spirituel, ancestral et souvent bafoué.


Admettre l’invisible me semble être un moyen d’abattre le capitalisme et la morosité sociale.